Un enfant tombe en moyenne 17 fois par jour avant de savoir marcher ! Il ne marche pas du jour au lendemain. Il tâtonne, chute, réessaye, progresse puis marche. L’erreur est considérée comme une étape de son apprentissage, nécessaire et source d’enseignements. À l’âge adulte, c’est pareil. L’erreur te permet toujours d’apprendre et de prendre conscience de ce qui ne va pas, de ce qui pourrait être amélioré. Pourquoi n’aurais-tu plus le droit d’en faire ? Je t’en dis plus sur le sujet et t’explique comment tu peux tirer profit de tes erreurs !
1) La peur de mal faire !
« Nul doute, l’erreur est la règle : la vérité est l’accident de l’erreur. » Georges Duhamel.
Le blocage principal de la plupart d’entre nous réside dans la peur de se tromper ! Se tromper peut effrayer. En effet, notre société est intransigeante, et accepte difficilement l’erreur. On a peur d’être jugé par ses pairs ou son professeur. On s’identifie à ses erreurs et on finit pas se trouver nuls et incompétents… Ce n’est pas étonnant ! Nous sommes conditionnés dès notre plus jeune âge à ne pas tolérer l’erreur, soit par notre éducation, soit au cours de notre scolarité. Elle est associée à l’échec, au manque de compétence. Et il est clair que l’éducation à la française ne l’aime pas contrairement à d’autres pays notamment Nord européens ou Anglo-saxons. Chez nous, à l’école, les enseignants font tout pour empêcher qu’elles ne fassent leur apparition. Dès qu’une erreur est détectée, on soustrait des points à la note sur 20. Tout est fait pour anticiper sa venue. Or il faut inciter les élèves à aimer commettre des erreurs.
La culture de l’essai/erreur, ou culture de l’échec peine à s’installer en France. Les communautés les plus innovantes comme la Silicon Valley l’ont depuis longtemps adoptée. L’échec pour eux serait de ne pas avoir creusé une piste qui s’avèrerait fructueuse pour un concurrent !
2) Le stress lié aux erreurs cachées
La plupart du temps, notre réflexe est de vouloir cacher notre erreur, la masquer. On veut camoufler ce qu’on imagine être un manque de savoir-faire. Tu as forcément déjà vécu cette situation. En n’acceptant pas ton erreur, tu as ressenti un mal être, un stress, de la honte peut-être et même une perte de confiance en toi. Le stress vient de la peur qu’une tuile te tombe dessus. La honte provient du manque de bienveillance envers toi-même. Bref, tout ceci conduit au découragement, à l’immobilisme.
3) Des erreurs pour apprendre
Or le droit à l’erreur est indispensable à l’apprentissage, elle est la clé de l’amélioration continue. En effet, l’apprentissage n’est pas un processus linéaire. Il passe par des essais, des tâtonnements, des échecs…
En général, le cerveau tend à retenir plus facilement les expériences désagréables. Le droit à l’erreur pour un apprenant doit être reconnu et pris en compte. Elle ne doit pas être stigmatisée, mais devenir un matériau collectif pour la construction du savoir.
Le retour réflexif sur son erreur est la manière idéale pour mieux comprendre la notion étudiée. Étant un moyen de s’améliorer, elle doit être transparente et être perçue comme un défi à relever.
Et l’erreur sert aussi à l’enseignant. En effet, elle est pour lui un instrument pédagogique. Elle lui permet de davantage cerner la démarche d’apprentissage de l’élève et de répondre à ses besoins plus efficacement.
4) L’erreur à la lumière des neurosciences
Emmanuel Procyk est neurobiologiste au CNRS. Il explique pourquoi l’erreur est une nourriture essentielle au fonctionnement de notre cerveau ! Juste avant que tu réalises une action, ce dernier fait une prédiction et détecte si tu as réussi ou non ce que tu voulais faire. Il constate l’écart entre la prédiction et le fait. Le processus essai/erreur/correction se met en place jusqu’à ce que le résultat escompté soit obtenu. Ici, l’erreur est donc une simple information t’indiquant qu’il y a un écart entre la prédiction et l’action réalisée. La zone du cerveau qui est mobilisée est la même que celle te permettant de rechercher des informations dans ton environnement. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que l’erreur stimule aussi ta capacité à explorer ton environnement pour y trouver des solutions
5) L’erreur prouve que tu essayes !
« C’est dur d’échouer, mais c’est pire de n’avoir jamais essayé de réussir » disait Théodore Roosevelt !
Hors de question d’avoir honte de tes erreurs, ou de perdre confiance en toi. Elles sont la preuve que tu essayes. Il faut les accepter, les assimiler et avancer ! Comment peut-on savoir s’il faut s’améliorer sans essayer ? Mais attention, les erreurs doivent être porteuses d’amélioration. Il faut limiter la casse. En ce sens, le fail fast à l’américaine est idéal. Il intègre l’erreur dans son mode opérationnel et permet d’expérimenter les projets par itérations successives afin de considérer rapidement les limites et de réagir de manière adaptée. La méthode agile que de plus en plus d’entreprises adoptent, notamment dans le domaine des nouvelles technologies, va dans ce sens.
6) L’erreur est humaine
L’erreur est humaine ! Mais c’est souvent dur d’accepter de ne pas être parfait. Garde en tête que la recherche de la perfection peut freiner, voir bloquer tes actions et créer en toi une grosse frustration. Si tu arrives à accepter tes erreurs, tu vas pouvoir développer l’humilité, mais aussi la connaissance de toi. Il faut parfois mettre son égo de côté pour continuer d’avancer, pour persévérer.
7) L’erreur ouvre la voie à l’innovation
Si tu as une idée et tu veux la transformer en innovation concrète, il faut faire des essais, expérimenter, prendre des risques. Cette phase ne peut se faire sans une succession d’erreurs qui sont toutes nécessaires à l’accomplissement de ton projet. Tout ce qui peut être perçu comme des freins, des erreurs peut au final être considéré comme des tremplins qui t’aident à avancer et à innover.
Voici quelques conseils pour t’aider à accepter tes erreurs et à en tirer profit.
Prends conscience du problème
Tu as fait une erreur. Dans la plupart des cas, tu as l’impression que le ciel te tombe sur la tête. Ce moment est désagréable et beaucoup cherchent à le fuir en se concentrant sur ce qui ne va pas… Résultat : la difficulté demeure, les solutions manquent, le verre est à moitié plein. L’idée est d’avoir une vision à plus long terme. Mais comment ?
Laisse passer les émotions négatives
La colère contre toi-même ou les autres n’est pas constructive. Ne t’arrête pas à tes émotions négatives et réfléchis aux éléments factuels qui ont provoqué cette erreur. Il est important de se mettre en mode de psychologie positive et de dissocier ses craintes, son jugement personnel de la réalité des faits. Ta prise de recul sera d’autant plus pertinente. Alors, demande-toi ce que tu peux tirer comme enseignement sur tes forces et faiblesses et comment tu peux en tenir compte par la suite.
Cherche à t’améliorer et tire profit de tes erreurs.
Tu as identifié les causes de ton erreur, les freins, les points de blocage ? Tu peux donc chercher à t’améliorer. Surtout, ne t’arrête pas en chemin. Si par exemple tu as défini le stress comme source du problème, il va falloir travailler là-dessus. Sache que les plus innovants procèdent ainsi. Pour preuve, depuis 2009, la conférence Failcon qui a lieu à San Francisco réunit des startupper qui viennent témoigner de leurs échecs. Ces derniers sont relatés, mais surtout, des enseignements en sont tirés. Pour eux, l’échec surmonté serait même une valeur bankable qui incite les investisseurs à la confiance.
Pour faire bref, je t’encourage à te tromper. D'ailleurs, depuis longtemps je pratique la culture des erreurs avec les personnes que j'accompagne.
Si cette tendance prend de plus en plus d’importance ces dernières années en France en partie sous l’impulsion de la culture startup, il faut encore beaucoup batailler pour qu’elle imprègne notre quotidien. Alors, à chaque bug dans ton apprentissage, garde confiance en toi, trouve des solutions innovantes qui correspondent à ta manière de travailler. L’erreur te permettra de découvrir des réponses sur mesure.